Comment se faire interner pour dépression ?

636
Partager :

Par Adel Omuri, Docteur

A découvrir également : Pourquoi AVC chez les jeunes ?

Nous n’en parlons pas beaucoup et lorsque nous le faisons, nous utilisons d’autres noms ou des termes plus techniques. Le suicide est cependant un phénomène tristement fréquent — on estime qu’en France, 1 tentative a lieu toutes les 4 minutes — et fait toujours l’objet de nombreuses idées reçues. Heureusement, le sujet est de plus en plus abordé, comme par exemple dans la récente série 13 Reasons Why. Brisons le tabou sans plus tarder.

A lire également : Quelle homéopathie contre les bouffées de chaleur ?

Trois grandes idées fausses sur le suicide

Attirer l’attention

L’une des idées les plus courantes est que les tentatives de suicide sont avant tout un moyen d’attirer l’attention . Ce préjugé découle d’une profonde incompréhension des mécanismes mentaux qui y conduisent, et probablement d’une surreprésentation, notamment dans les médias, de cas marginaux.

Quand les problèmes surgissent, la première réaction est de chercher des solutions. En fait, initier un « faux » acte suicidaire pour attirer l’attention n’est pas une façon d’agir très spontanée, ni très prometteuse. L’idée de se suicider, si elle se produit très tôt, devient en fait un lieu prépondérant au fur et à mesure que le sentiment d’avoir tout essayé grandit. En fin de compte, le principal moteur est le désespoirindique un besoin d’aide. Une personne qui prend des mesures ne vise donc pas à attirer plus d’attention. Quant à l’idée qu’il s’agirait d’un appel à l’aide, elle n’est pas vraie non plus : lorsque vous traversez une crise suicidaire, vous ne considérez plus que quelqu’un peut vous aider. Ce qui est certain, cependant, c’est qu’une tentative de suicide , qu’il ne faut pas ignorer.

Les panneaux d’avertissement

Le deuxième grand préjugé est que les tentatives de suicide ne sont jamais précédées du moindre signe d’alertedépression non reconnue, voire carrément masquée : en tout état de cause, les personnes concernées semblent traverser au préalable une période riche en difficultés mentales. Les statistiques données ci-dessus proviennent d’autopsies psychologiques, c’est-à-dire d’analyses posteriori de l’état mental des patients. Il peut même y avoir des signes de détresse mentale, mais subtils ou négligés, minimisés. Les statistiques françaises indiquent que 90 % des personnes qui se sont suicidées avaient au moins un trouble au moment de l’acte (source : Inserm). Le terme « trouble mental » englobe plusieurs situations, et pas seulement des pathologies nécessitant un suivi psychiatrique régulier et intensif. Il peut également s’agir d’une par ceux qui les entourent.

Un problème incurable

Une dernière idée reçue mérite d’être soulignée, celle de « suicidaire un jour, toujours suicidaire ». S’il est attesté par les chiffres que les sujets ayant fait plusieurs tentatives de suicide sont de plus en plus à risque de les répéter, on n’atteint jamais 100 %. La capacité de réfléchir, de prendre du recul et de relativiser sont diminuée lorsque l’on souffre de troubles mentaux. Ainsi, l’idée d’avoir déjà tout essayé peut être totalement fausse, et envahir encore l’esprit. Un soutien et des soins appropriés peuvent aider à briser ce cycle.

> Ne restez pas seul face à des idées sombres, parlez-en à un professionnel sans plus attendre !

J’ai de mauvaises idées tout le temps…

cela peut arriver à n’importe qui. Riche, pauvre, moche, beau, gros, mince : personne n’est à l’abri des idées sombres. Alors tout d’abord, n’ayez pas honte de ces sentiments, encore moins de les reconnaître. Cela demande une force incroyable.

Comme nous l’avons dit plus haut — et si cela vous inquiète, vous l’avez peut-être ressenti de cette façon — le principal moteur des idées suicidaires est le désespoir. C’est un phénomène compréhensible lorsque des situations douloureuses se perpétuent.

Dans ces cas, prendre du recul et reconsidérer les événements qui fournissent ces idées peuvent sembler être des vœux pieux, c’est le moins qu’on puisse dire. Cela est d’autant plus vrai lorsque la dépression est omniprésente, en raison de la perturbation des facultés intellectuelles. Dans un tel moment, la meilleure chose à faire est de ne pas être seul . D’une part, l’isolement favorise et entretient la dépression. D’un autre côté, le simple fait d’en parler peut ouvrir des perspectives que vous ne considérez même plus. Peut-être que parmi vos amis et votre famille se trouvent des soutiens auxquels vous n’auriez pas pensé, qui sait, qui ont vécu la même chose.

Peut-être, cependant, que vos problèmes vous semblent indicibles, ou que vous craignez l’embarras si vous vous confiez à vos proches. Peut-être avez-vous même peur d’être jugé et incompris. Si c’est le cas, vous pouvez contacter un professionnel de santé , par exemple votre médecin traitant ou un psychiatre. Une consultation dédiée vous offrira une écoute neutre et confidentielle, totalement protégée comme vous le serez par le secret professionnel.

Le la possibilité que l’on vous prescrive des antidépresseurs peut être une gêne pour vos yeux : d’une part, sachez que vous pouvez demander à votre médecin la nécessité et les avantages attendus d’un tel traitement ; d’autre part, considérez-les comme une aide. Ils ne constituent pas une solution miracle et ne font qu’une partie du travail, mais ils peuvent vous aider à y parvenir .

Pensées suicidaires : comment obtenir de l’aide

Si vous avez tendance à avoir des pensées suicidaires et que vous voulez en parler rapidement, sachez qu’il existe plusieurs moyens efficaces pour vous aider :

  • une hotline accessible 24h/24 et 7j/7 est disponible pour la France métropolitaine au : 33 1 45 39 40 00
  • des associations de soutien, telles que SOS Suicide Phoenix, peuvent être disponibles près de chez vous. Le fait d’être écouté et d’écouter les personnes qui ont été là peut surmonter le sentiment d’isolement et vous procurer des
  • aide.

  • la télémédecine ouvre de nouvelles possibilités de prise en charge des pensées suicidaires. En facilitant le contact avec un médecin et en supprimant les contraintes liées à la distance, à la nécessité de sortir ou de rencontrer quelqu’un physiquement, la télémédecine facilite les soins psychologiques. Prendre rendez-vous pour une téléconsultation avec un psychologue ne vous prendra que quelques minutes, mais vous apportera un soutien vital !
  • Enfin, quelques moyens très accessibles peuvent vous remettre dans une dynamique positive si vous souffrez de dépression.

Partager :